Opposant notoire à l’annexion de la Crimée, sa terre natale, le cinéaste ukrainien Oleg Sentsov est arrêté le 11 mai 2014 par le FSB. Accusé, sans preuves, de « terrorisme », il purge aujourd’hui une peine de 20 ans dans un bagne de Sibérie.
Parue chez l’Harmattan en mai 2017, son autobiographie intitulée Récits touche le cœur par sa sincérité et son exigence morale. Oleg Sentsov y parle avec simplicité de son enfance, de ceux qui l’ont aimé, de sa vie d’écolier, de l’amitié, de la beauté, de la bonté et du respect dû à chaque être humain, surtout les plus faibles. C’est dans cette enfance heureuse qu’il puise maintenant sa force de résistance.
Enfant aimé de ses parents, écolier intelligent toujours réfractaire à l’embrigadement, la routine, le bachotage et le mensonge si répandus dans l’école soviétique, ce créateur-né dit aussi son amour de l’écriture.
Qu’est-ce qui compte le plus pour Sentsov? « Ce temps que tu as passé avec tes proches et cette chaleur dont ils t’ont nourri, voilà le plus important dans la vie » nous confie-t-il, ajoutant que la seule éducation valable que l’on puisse transmettre aux enfants c’est « d’abord de les aimer », puis de les initier aux « deux choses vraiment nécessaires : lire des livres et dire la vérité ».
Excellent élève, intelligent, contestataire, souvent puni pour impertinence, Oleg Sentsov ne s’est jamais soumis. L’école ne lui a appris qu’une seule chose, la résistance. « Là, dit-il, j’ai appris à ne jamais céder et ne jamais composer ». Fidèle à ses valeurs, cet opposant intègre paie aujourd’hui de sa liberté son refus de voir ses propres enfants « vivre dans un pays d’esclaves ».
Victime d’un procès truqué, plusieurs fois torturé, emprisonné au pénitencier de Iakoutsk, le cinéaste ukrainien n’a jamais plié face à des accusations fabriquées de toutes pièces.
Ne l’oublions pas au fond de sa prison ! Oleg Sensov est le prisonnier politique ukrainien le plus isolé au monde. Oui, diffusez ce message ! Il faut sauver Sentsov du Goulag afin qu’il puisse témoigner lui-même de l’arbitraire de la démocrature poutinienne et poursuive sa carrière de créateur épris de liberté !
Marie-France Clerc